une aventure de rugby

L'hommage d'Yves Coup à Gérard Lom

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Mes chers copains,

 Que je vous prévienne tout de suite, vous risquez, outre la longueur des propos du bavard que je suis, de percevoir de l’émotion dans ces quelques mots, des hésitations et autres bégaiements dans ma voix. Non pas les méfaits de l’âge sur mes cordes vocales... pas encore, mais l’exercice est bien plus difficile que celui qui fut le mien pendant toute ma carrière, de prendre la parole devant 25 minots intimidés... pas toujours d’ailleurs, hélas !

 Me voici ici comme au coup d’envoi d’un match de rugby d’antan face à une équipe de rugbymen aux mines patibulaires , aux faciès menaçants et que les embonpoints évocateurs, les calvities implacables, les rides prononcées et l’assurance de l’âge  rendent encore plus impressionnants.

 Bien plus difficile aussi que de monter sur une table de venta , au cours des fêtes de Sare, la chemise débraillée, les jambes flageolantes et l’œil vitreux pour y chanter  «  La pitxourie »... Situation largement vécue par beaucoup d’entre vous, je le sais, en des temps bénis où l’insouciance nous était un véritable sacerdoce.

 

 Mais si j’ai tenu à me mettre narcissiquement en avant ce soir, c’est que je voulais, personnellement, certes, mais aussi en votre nom à tous , rendre hommage à Gérard Lom, à qui cette fête est largement destinée.

 Pourtant,  contrairement à beaucoup d’entre vous , ma relation amicale avec lui ne s’est finalement pas construite sur l’herbe d’un terrain de rugby. Il faut dire que le débutant ovale que j’étais n’avait, à l’époque, pas beaucoup de qualités qui puisse faire fantasmer un entraineur en matière de double poussée, de prise de balle à deux mains, de cadrage-débordement, de défense destructrice ou de coup de pied de déplacement.Pas un physique non plus à faire se précipiter chez mes parents quelque président de club huppé de la région.

 

Et quand , 20 ans après nos belles années U S Nordistes , je croisais , par hasard, Gérard  dans un escalier de l’Ecole Henri IV, comment puis-je lui en vouloir de n’avoir pas de suite reconnu, bigre, le bel adulte plein de prestance et d’assurance que j’étais devenu , lui qui n’avait fréquenté, à l’époque, hélas, que des adolescents pubères, boutonneux, dégingandés et à la voix éraillée....  Quel contraste !... d’autant que l’escalier était fort sombre.

Comment ne peut-il  pas m’en vouloir d’avoir découvert ce jour-là , sur le tard, qu’il n’était pas seulement capable de s’intéresser, de par sa profession, à des formules algébriques interminables et au perfide théorème de Thalès au collège ou , aussi aux tactiques de Villepreux, aux théories d’Herrero, sur le stade.

Comment ne peut-il pas m’en vouloir d’avoir découvert avec surprise qu’il préférait grandement la table style Louis Philippe à celle de Pythagore. Que la géométrie euclidienne lui était plus agréable pour monter un buffet que pour descendre au « bahut » .

 

Au fond, la vie n’est pas simple et, à cet instant de mon propos, pardonnez-moi , Mesdames, pour ce court instant de grivoiseries inspiré de ces chansons paillardes  qui participaient aussi à notre libido naissante. Venons-y...

La vie n’est pas si simple disais- je donc, et quand il s’attachait à perfectionner la poussée en mêlée de l’un , la passe ou le coup de pied de l’autre, la prise de balle d’un troisième,   Gérard ne se doutait pas que, quelques années plus tard, le premier passerait sa vie à s’inquiéter de la fraîcheur des moules et de la levée des poireaux,  que celui-ci consacrerait sa carrière à aider des adolescentes à serrer à pleine mains des cordes à nœuds, alors que celui-là  ne verrait son salut qu’en gonflant des boudins de toutes dimensions et à longueur de journée.

 Quant au dernier, il eut la bonne idée, une fois ses crampons rangés, de se consacrer aux cerveaux déréglés et à la folie des hommes ; paradoxe pour le manieur de ballons qu’il avait été,  il aurait pu tout aussi bien, devoir pratiquer quotidiennement des palpations mammaires ou le toucher rectal.

 

Et comme le temps laisse souvent aux amitiés le temps de se construire, il a fallu que je me retrouve, il y a maintenant à peine 7 ans, tout penaud et modeste devant une machine à bois hurlante et décapante, au sein  même de l’association qu’il avait créée, pour que j’apprenne vraiment à connaitre le personnage de Gérard.

 L’éducateur n’y avait pas perdu sa patte et il sut trouver les mots mêlés de sympathie pour m’encourager dans la découverte de ce matériau noble. Il m’y prêta vite quelque talent, ce qui ne boosta que mieux mon enthousiasme, celui qui vous faisait  autrefois, vous, mes amis, faire tout votre possible sur le terrain, pour lui apporter, à lui ainsi qu’à M. Cluchague et à tous nos autres éducateurs, le fruit de leur dévouement et de leur patience.

Pour faire briller aussi des couleurs que même  le Stade toulousain et le Racing Club Toulon s’empressèrent de nous copier, avec le succès que vous connaissez.

 

Ne m’encouragea-t-il pas aussi quand je me lançais, il y a 4 ans, dans des écrits hebdomadaires sur les matchs de sa chère Section Paloise. Il en remit même une couche , il y a 3 jours à peine, face à ma capitulation !

 

Imaginez alors qu’elle fut ma fierté quand sa fille Mylène me fit l’honneur de me proposer d’immortaliser son cher papa par quelques coups de crayon. J’avoue que, dans cet exercice, il me fut nettement plus agréable d’ailleurs d’y croquer, à ses côtés, sa tendre et belle épouse que de l’y dessiner en short et en crampons !

 

Gérard, pardonne-moi de dévoiler ici, ce soir, ces quelques confidences, mais sachez qu’au cours de nos récentes rencontres, en particulier au sein de l’Amicale des Anciens de la Section Paloise, il eut maintes fois l’occasion de me redire combien les années qu’il a passées avec vous,  au sein de l’US Nord Est, restent pour lui un souvenir fort et enrichissant.Combien vous lui avez apporté de satisfactions par votre sérieux et votre implication. Sûrement les plus belles de sa carrière d’éducateur, me répéta-t-il souvent.

 Il faut dire qu’il aurait peut-être changé d’avis, question sérieux et implication, s’il nous avait rencontré après-matchs, chez Burette, à la Caravelle, à la Paloma à Assat , dans les fêtes basques de l’été ou ailleurs... Mais cela ne le regardait pas !!

 Je sais, je viens ici de parler beaucoup de moi, et je m’en excuse, mais n’était-ce pas la solution la plus facile  de parler aussi de vous, mes amis, de votre relation avec Gérard et surtout de la trace qu’il a su laisser dans nos destinées à des moments fort différents.

 

Ainsi, en conclusion ... enfin... oserai-je, ce dernier jeu de mots,  un tantinet philosophique et carrément rugbystique : « Au Coup par coup, c’est Lom qui a fait l’homme ».

 

Merci pour votre patience amicale et longue vie à toi , Gérard.



19/09/2013
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